Quand j’étais enceinte de mon premier enfant (c’est-à-dire il y a …. 9 ans déjà !), j’ai lu à peu près toute la littérature sur le sujet de la maternité. Mon bébé n’était même pas né que j’avais déjà dévoré tout ce qui existait ou presque sur « l’éducation bienveillante », la « communication non violente »… Je m’étais mis une telle pression, je voulais tellement bien faire avec ce petit être que je couvais et que je voulais élever avec amour. A bien y réfléchir, je ne voulais pas seulement être une « bonne mère », je voulais être une mère parfaite. Et comme pour tout autre domaine de ma vie, telle que ma carrière, je me donnais les moyens d’atteindre cet idéal… J’avais travaillé dur dans mes études, je travaillais dur dans mon job de consultante, et cela me réussissait plutôt bien… Je croyais qu’il allait en être de même avec la maternité : je m’étais préparée à l’arrivée de ce petit être comme on passe un concours ; en potassant plein de livres, j’étais prête pour le diplôme de la « bonne mère »….
Du moins le croyais-je… Heureusement que le principe de réalité s’est, brutalement il faut le dire, rappelé à moi ! Oui, nos enfants nous font devenir parents. Il faut composer avec ce petit être qui n’a pas forcément envie de rentrer dans le cadre que vous avez imaginé avant qu’il arrive. Et d’un coup, toutes les bonnes résolutions, tous vos principes d’éducation bienveillante, ne vous servent à rien, ou du moins à peu de choses. Comment ce petit être que vous aimez d’amour, que vous voulez accompagner avec douceur et respect, arrive-t-il à vous faire sortir de vos gonds de cette façon ? Rien, ou peu, se passe comme prévu avec un enfant de 10, 15 ou 24 mois…
Pendant longtemps, et avec l’arrivée de jumeaux 3 ans après le premier, j’ai mis mes théories et concepts à l’épreuve… Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants est une de mes phrases fétiches !
J’étais pleine d’amour pour eux, je voulais le mieux, je voulais être la meilleure mère possible, et inlassablement, à chaque « caprice » ou chaque « bêtise » de trop, mes principes et valeurs de bienveillance s’effondraient devant le dragon intérieur qui rugissait au fond de moi. Maman cracheuse de feu, aujourd’hui j’en rigole avec eux, mais combien de fois me suis-je sentie au-dessous de tout de m’emporter, de me laisser dépasser par la colère ou la frustration…
C’est un cercle vicieux qui vous entraîne loin… vous êtes pétrie de bonnes intentions, mais à la moindre broutille, vous explosez sans retenue… et vous vous sentez pitoyable, vous perdez confiance en votre capacité à être une mère « suffisamment bonne », et vous rajoutez encore plus d’exigences vis-à-vis de vous-même, et rebelote, en perdant chaque fois un peu plus confiance, en abandonnant à chaque fois un peu plus de sérénité. Comme si vous nagiez sans fin vers le rivage sans jamais l’atteindre…
Parce que vous ne nagez pas dans le bon sens ! Au lieu de lutter contre ce dragon intérieur que nous portons toutes, nous les WWM, qui portons facilement l’exigence de perfection chevillée au corps, à être dévouée à tous (nos enfants, nos maris, nos patrons…), nous devons appliquer un principe très simple, que je partage systématiquement en accompagnement : la première des bienveillances s’applique à soi-même ! Non, nous ne sommes pas parfaites, et c’est tant mieux ! Nous sommes humaines, et c’est génial ! Nous sommes faillibles, nous pouvons être fatiguée, ou dépassée, ou en colère. Nous sommes humaines ! Et nous montrons à nos enfants que les adultes ne sont pas parfaits. Et qu’ils n’ont pas non plus à devenir parfaits.
Pour pouvoir appliquer ces magnifiques concepts d’éducation bienveillante avec nos enfants, il faut s’autoriser à être bienveillante avec nous-mêmes, à faire des choses qui nous nourrissent physiquement, émotionnellement, spirituellement. Oui, la vaisselle attendra mais pas mon cours de yoga. Parce que j’en ai besoin. J’en ai fondamentalement besoin pour continuer d’être bienveillante avec ceux qui m’entourent.
Et vous, êtes-vous réellement bienveillante avec vous-même ?